Poupées tactiles en papier

Par Beth  Borysewicz 

Il y a quelques années, un élève et moi parlions d’activités amusantes que nous aimons faire pendant notre temps libre. Aujourd’hui, je n’ai pas énormément de « temps libre », alors je me suis rappelée des choses que j’aimais faire dans mon enfance. Une des choses que j’ai énumérées était de jouer avec des poupées en papier. Mon élève n’avait aucune idée de ce dont je parlais, alors j’ai commencé à lui décrire verbalement ce qu’elles sont réellement; il était clair qu’elle n’en avait toujours aucune idée. 

Donc, bien sûr, je ne pouvais pas laisser cette petite élève de 7 ans passer un autre jour sans comprendre le concept simple et super amusant de poupées en papier. À l’époque, je n’avais que mes deux garçons, car ma fille n’était pas encore née, alors j’ai senti qu’il était de mon devoir de transmettre ma connaissance de ces petits êtres de papier à la prochaine génération de petites filles. Je savais que ces poupées ne pouvaient pas être les poupées en papier "typiques"  qui venaient dans les livres avec lesquelles il fallait être toujours si prudent en arrachant les points perforés qui les tenaient ensemble... NON. Celles-ci devaient être des poupées TACTILES en papier et nous allions tellement nous amuser à les faire ! 

Quand j’ai commencé cette conversation avec elle, je n’ai jamais pensé qu’un court dialogue de ce que nous aimons faire dans notre temps libre évoluerait vers ce qu’elle a fait. La clé était de pouvoir concevoir et jouer avec eux, mais aussi de s’appuyer sur des concepts et compétences élargis, qui est si important pour nos élèves aveugles et malvoyants. Nous avons commencé par les bases et avons dessiné la poupée sur du papier cartonné pour commencer. 

C’était une beauté ! 

Fabriquer la poupée de papier 

La photo a été le début de notre création. Mon élève a dit qu'elle voulait utiliser le carton ondulé pour ses cheveux, et je pense qu'elle a fait un excellent choix ! Nous avons également ajouté du velcro que l’on peut voir sur la photo pour ses vêtements et éventuellement des accessoires pour les coller.  

Nous avons ensuite dû réaliser des modèles de chemises, de pantalons et, bien sûr, de robes. Les deux photos ci-dessous montrent les modèles et ensuite quelques tenues avec lesquelles nous avons commencé à faire preuve de créativité. Nous avons utilisé une combinaison de papiers texturés identiques et différents pour représenter des objets standards dans un placard typique comme des jeans, des velours côtelés, des textures lisses, des textures bosselées, brillantes et rugueuses. Cette période de création amusante a été une excellente façon de travailler sur les concepts d'association de la texture des vêtements à une texture et une couleur à une couleur, car mon élève avait un peu de vision lorsque nous avons commencé ce projet. 

Travail autour du cursus de base élargi (ECC - Expanded Core Curriculum) 

Voici quelques activités supplémentaires avec lesquelles nous avons joué... Je veux dire travaillé... sur les compétences et les concepts avec le cursus de base élargi à l’esprit : 

• Compétences de vie indépendante : Un jour, nous parlions de la tenue qu’elle avait sur elle et je lui ai dit que j’ai vraiment aimé la façon dont son haut correspondait à son pantalon. Elle m’a alors dit que sa mère laissait ses vêtements pour elle sur son lit pour qu’elle s’habille le matin. L’élève était très indépendante dans un variété d’environnements et de situations, alors j’ai continué à poser des questions, comme nous le faisons en tant qu’enseignants d’élèves ayant des déficiences visuelles: 

Q 1: As-tu une commode dans ta chambre ? 

R: Oui 

Q 2: Sais-tu combien de tiroirs y a-t-il ? 

R: non 

Q 3: Sais-tu ce que je vais rajouter dans tes devoirs ce soir ? 

R: (longue pause) Je suis assez sûre que vous voulez que je compte les tiroirs dans ma commode... 

« Bien deviné ! »  Je lui ai aussi demandé non seulement de compter les tiroirs, mais de me dire ce qu’il y a dans chacun et la disposition des tiroirs pour voir s’il y a des tiroirs plus petits et plus grands ou si certaines rangées dans sa commode ont 2 tiroirs ou un seul. Avec cette information, j’en ai ensuite fait un jeu fonctionnel avec la poupée en papier. 

Nous avons ajouté une « commode » avec du braille à l’activité, où l’élève a dû localiser l’étiquette de tiroir appropriée et sélectionner des hauts, des bas et des accessoires. Finalement, mon élève s’est rendu compte à quel point cela pouvait facilement être reproduit chez elle. Elle a dit à sa mère qu’elle aimerait mettre du braille sur ses tiroirs de commode et commencer à choisir ses propres vêtements pour l’école ! GAGNÉ ! 

• Compétences de vie indépendante : Une extension de l'activité ci-dessus est que j'ai mélangé les vêtements sur la table ou dans les tiroirs de sorte que l'élève doit trier et ranger les "vêtements" à leur place 

• Compétences de vie indépendante : Des élèves m'ont aidé à concevoir, à tracer et à découper des vêtements pour des événements spéciaux, tels que des fêtes de fin d'année ou des activités saisonnières.  Vous trouverez ci-dessous la tenue qu'elle a conçue pour Noël. Elle comporte des rayures créées en superposant certaines des textures des feuilles d'autocollants, des chaussures en feutre pelucheux et un chapeau de fête. 

• Exploration des métiers : Nous avons discuté des travailleurs, et créé des tenues avec des accessoires qui aident à s'identifier à des compétences ou à une formation spécifiques. Par exemple, pour le vétérinaire, nous avons fabriqué un petit chat pour aller avec, pour l'enseignant, nous avons fait des livres et une pomme, et pour le médecin, nous avons fait un stéthoscope et une blouse. 
• Interactions sociales : Le simple fait de créer la poupée lui a donné envie d’en faire plus. Cela a permis à l’élève de créer sa propre  « ami poupée » et nous avons pu modéliser les compétences de communication/sociale avec les poupées ensemble (salutations de base, initiation d’une conversation, etc.). 

Je suis sûre qu’il y avait beaucoup plus de choses que nous aurions pu faire avec les poupées dans le développement du concept, mais j’ai senti qu’il était temps de passer à autre chose et je les ai renvoyées à la maison avec elle. Mon élève a depuis dépassé les poupées en papier, mais peut-être certains autres jeunes élèves pourront aller plus loin!